Le convoi 73

Il faut rappeler avant tout que parmi les 79 convois emmenant des Juifs de France en déportation, depuis Drancy, entre le 27 mars 1942 et le 17 août 1944, un seul fut dirigé vers les Pays Baltes, pour des raisons non élucidées à ce jour. C’était le convoi 73, parti de Drancy le 15 mai 1944.

Le sort de ce convoi est resté pratiquement ignoré de tout le monde, familles et historiens inclus, pendant cinquante ans. Quelques rares familles de ces déportés savaient que le convoi était arrivé en Lituanie, les survivants avaient expliqué qu’une partie d’entre eux avaient poursuivi le voyage jusqu’en Estonie, mais là s’arrêtaient les informations connues. La plupart des familles ignoraient le lieu de déportation de ce convoi, et quelques-unes d’entre elles avaient reçu, de la part des services officiels, des certificats de disparition ou de décès aussi fantaisistes que possible, certains attestant avec une étonnante certitude que le déporté était mort à Auschwitz, voire à Auschwitz ­ (Allemagne) (sic).

Ils étaient très exactement 878 dans ce train. Chaque année, depuis 1994, le premier dimanche qui suit le 15 mai, leur épouses, leurs soeurs, leurs frères, leurs filles, leurs fils et parfois leurs petits-enfants se retrouvent à Drancy en hommage à leur mémoire, le temps d'un Kaddish et de quelques minutes de recueillement.

A Drancy, ville de la proche banlieue parisienne, a fonctionné, entre le 20 août 1941 et le 22 août 1944, un camp où ont été internés 76 000 hommes, femmes, enfants, vieillards, arrêtés du seul fait qu'ils étaient juifs.

Certains y sont nés, d'autres y sont morts, comme le poète Max Jacob, quelques rares en ont été libérés. Les autres ont été déportés, presque tous à Auschwitz, par convois d'environ 1 000 personnes. Seuls quatre convois ont été dirigés vers Maïdanek ou Sobibor, un autre, le tout dernier, vers Buchenwald, et un autre encore, qui portait le numéro 73 et emmenait 878 hommes vers Kovno (aujourd'hui Kaunas) en Lituanie et Reval (Tallin aujourd'hui capitale de l'Estonie), le 15 mai 1944.

Le reste de l'Histoire est racontée dans le livre « Nous sommes 900 français ».


© Éric et Dominique Blum - 30 octobre 2007