Léon Szymkiewicz

né le 28 septembre 1922 à Paris

 

À l’aube de l’année 1944, Léon avait à peine franchi le cap de sa majorité de vingt et un ans. Il était enjoué, jeune jusqu’au bout des ongles, profitant au mieux de la vie et s’accommodant des restrictions, notre lot à tous.

Son insouciance juvénile s’exerçait malheu-reusement sur un clavier désaccordé dont il ne percevait pas les dissonances. Et cela est pathétique, car l’existence de notre communauté s’est largement jouée et organisée autour de deux axes distincts, inégalement répartis. D’un côté prévalait le risque calculé, de l’autre l’abandon au risque aléatoire.

Il fallait choisir entre deux attitudes :

- la résistance, c’est-à-dire d’abord un acte de conservation, puis la défense acharnée d’une intégrité menacée de destruction. La perception du risque concomitant allait de pair avec le rêve d’un monde meilleur, débarrassé des scories fascistes ;

- la résignation, une sorte de refus de prendre en compte les périls qui nous menaçaient, sous le prétexte fallacieux d’une conviction inébranlable en la bonté de l’homme. Ceux-là ne croyaient pas aux massacres programmés.

Léon appartenait à cette deuxième catégorie. Féru de lectures, il ne percevait pourtant pas le Mal et c’est banalement, dans l’atelier de fourrures de son frère, qu’il fut embarqué en même temps que celui-ci et sa belle-sœur, sur dénonciation.

Chacun tirera la leçon de ces événements selon sa philosophie. Pour moi, elle est évidente : il y a le meilleur et le pire dans le comportement humain. L’air du temps est là pour nous le rappeler.

Charles Burstyn
Son beau-frère