Abraham Rosenzweig né le 2 septembre 1923 |
Abraham Rosenzweig est né le 2 septembre 1923 à Borgerhout, près d’Anvers (Belgique). Il résidait à la Martellière, avec un groupe d’enfants et d’adolescents juifs. Lors de la rafle de ces dix-huit enfants, le 22 ou le 23 mars 1944, tandis que les plus jeunes étaient envoyés à Auschwitz par le convoi 71 (celui qui emmenait également les enfants d’Izieu), il fut déporté par le convoi 73 avec trois autres adolescents, Léonard Orlovski, Bernard Rovinsky, et Emmanuel Sawelski. Il avait écrit un poème à l’intention d’un ami, rencontré en 1940. Voici ce qu’écrit Delphine Deroo, à ce sujet, dans son livre Les enfants de la Martellière : En février 1996 […] je partis pour une semaine en Israël. […] Le jour même de mon arrivée, j’appris au hasard d’une discussion qu’une amie connaissait un groupe d’anciens résistants juifs ayant œuvré pendant la Seconde Guerre mondiale dans la région iséroise. Quelques heures plus tard, elle me présentait à celui qui devait m’ouvrir les portes de ce monde fascinant : Asher Michaeli. Cet homme au parcours étonnant, originaire d’Anvers, avait intégré dès son arrivée à Grenoble, en 1942, le Mouvement de la jeunesse sioniste. […] La veille de mon départ, je rendis une dernière fois visite à Ascher Michaeli afin de le remercier pour son aide précieuse, et surtout pour écouter son propre témoignage. […] Son regard se voila soudain de tristesse. Il venait certainement de se souvenir d’un moment douloureux. D’une voix troublée il me révéla alors une blessure qui ne s’était jamais refermée depuis la guerre. L’invasion de la Belgique par les Allemands l’avait jeté en 1940 sur les routes de l’exode vers la France, accompagné de sa famille et d’un ami, jeune adolescent comme lui. Ils tenaient beaucoup l’un à l’autre et ne cessaient de se jurer que jamais le destin ne les séparerait. Leurs chemins prirent cependant, dès le passage de la frontière, des directions différentes. Asher partit vers Dijon tandis que son ami gagna Toulouse, puis Marseille. Après de multiples déménagements, ils se retrouvèrent par hasard dans la région de Grenoble, en 1943. Asher faisait alors partie de l’organisation de résistance et, à plusieurs reprises, il invita son ami à le rejoindre. Celui-ci refusa ; il ne souhaitait pas prendre part à ces actions dangereuses, préférant demeurer dans cette maison où il s’occupait d’enfants juifs, près de Voiron. Quand les Allemands envahirent la zone italienne, le jeune résistant supplia son ami de passer en Suisse ou au moins de quitter ce groupe de Juifs trop repérable. Mais une fois encore, il essuya un refus. Les hasards de la guerre mirent fin à leurs relations et ce n’est que quelques mois plus tard, quand Grenoble fut libérée, qu’Asher apprit ce qui était arrivé à son ami. Je compris, par son regard, qu’il ne l’avait jamais revu. La guerre l’avait emporté. Un mois plus tard, je découvris à mon tour la vérité. L’ami d’Asher s’appelait Abraham Rosenzweig et il avait vingt ans. Le 22 mars 1944, il résidait à La Martellière, avec un groupe d’enfants et d’adolescents juifs. Celui de l’A.I.P. Il est mort à Auschwitz Asher Michaeli est décédé quelques mois plus tard, durant l’été 1996. Dans ses archives se trouvait une lettre qu’il avait gardée depuis la guerre ; une simple feuille arrachée à un cahier d’écolier et jaunie par les années, sur laquelle se détache un émouvant poème écrit en hébreu et signé Abraham Rosenzweig
Cf. « Nous sommes 900 Français », vol. II, p. 133. Delphine Deroo, Les enfants de la Martellière, Paris, Grasset, 1999. A.I.P. : Association des Israélites Pratiquants. (N.D.L.R.) L'auteur n'avait pas encore entendu parler du convoi 73. (N.D.L.R.) Il fait référence aux Juifs français. (N.D.L.R.) |
Eve Line Blum-Cherchevsky