Pour l’état civil il était Isidore Zisermann
pour moi
il était Mon Oncle Zizi
et pour beaucoup d’autres,
il était Zizi, tout simplement.

Né le 25 décembre 1896 à Jassy ou Yassy en Roumanie,
il a vécu en France dès l’âge de 5 ans ;
il est parti le 15 mai 1944 par le 73e convoi de Drancy
en déportation, convoi de 878 personnes avec lui,
direction Lituanie ou Estonie,
jamais revenu bien sûr.

Il était français, mais Juif…
et être Juif est plus important que tout…
être Juif prime tout…
aux yeux des non-juifs,
et ils ont raison ;

mais s’ils savaient comme nous les plaignons…
de leur non-judaïté… !
même avec nos problèmes…

Isidore Zisermann

Mon Oncle Zizi
son nom seul faisait rire !
quand en plus on le voyait lui,
alors se déchaînait
autour de lui
la gaîté ;

on l’entourait pour ses bons mots,
il était centre ;
d’une assemblée il n’avait peurcar il savait l’entraîner,
la dérider,
la faire chanter,
rire ou danser…

Importé d’un ghetto de Jassy,
Roumanie,
il saute 1000 ans d’un bond,
et devient Parisien,

Les claquettes, la mode,
chapeau à la Maurice,
Lavalière,
canne à la main,
souliers vernis,
c’est l’élégance.

Il travaille à la Bourse
ce sont mes souvenirs de lui ;

des Français le capturent,
des Français laissent faire
pensant sans doute
qu’un Juif de moins,
c’est pas terrible…

ils n’ont pas vu le lien entre un Juif et la France ;
ils n’ont pas vu qu’un Juif en France,
est quinte essence,
comme disait Rabelais,
de la France,

c’est vrai qu’en haut des tours,
sur les clochers, sur les pointes
on continue de voir, toujours fier,
le Coq Gaulois,

mais… la poule aux œufs d’or…
la poule étrangère…
celle qui donnait ses œufs au goût étrange…
raffiné et recherché…
n’est plus là…
et jamais plus… ne sera là…

Robert Gold
son neveu