Paul Salomon-Léon

né le 22 mai 1889

 

Mon père est né le 22 mai 1889 à Alger où son père était graveur depuis 1868. Ses grands-parents avaient opté pour la France au recensement des Alsaciens et Lorrains de 1872.

Son père, engagé volontaire, avait été fait prisonnier pendant la guerre de 1870. Lui-même avait fait la guerre de 1914-1918, où il avait été blessé deux fois, et celle de 1939 comme commandant. Entre les deux guerres, il s’était marié deux fois, et nous sommes trois enfants nés de sa première union.

Mon père était de tempérament assez vif. Il « piquait » des colères, mais cela ne durait pas. Il était aussi droit en affaires que lorsqu’il était sous les drapeaux, et c’est ainsi qu’en 1940, pour la conduite héroïque de son bataillon dans la défense de Condé-en-Brie, il a refusé une citation personnelle parce qu’il voulait qu’elle soit accordée à tout le groupe.

En 1943, il commandait un groupe de travailleurs étrangers. Il a caché dans son groupe des réfractaires au S.T.O. Il faisait alors partie de l’Armée secrète. C’est à ce titre que, par dénonciation d’une institutrice « chasseur de primes », il a été arrêté avec dix autres personnes, dont sa femme – qui est revenue de Ravensbruck – et un fils de celle-ci, mort à Mauthausen.

D’Aurillac, mon père a été transféré à Clermont-Ferrand, puis à Royalieu, entre février et avril 1944.

À Royalieu, on s’est rendu compte qu’il était juif, d’où son transfert à Drancy. Le 15 mai 1944, il est parti avec le convoi 73 en direction de Kaunas (Lituanie), puis de Tallinn, où Roland Dalem l’a vu quitter la prison, début juin 1944, à la tête d’une corvée de bûcheronnage, et ne l’a plus revu.

Son fils
Maurice Salomon-Léon