Jean-Claude Silberschmit

né le 6 décembre 1927 à Bazancourt (Marne)

 

Au village de Bazancourt, dans la Marne, les habitants se souviennent très bien de la famille Silberschmit. Tous sont unanimes pour dire que cette famille était bien connue et appréciée. D’ailleurs, Pierre Silberschmit et les siens ne s'étaient pas cachés malgré les mesures antisémites… Nous imaginons son raisonnement : il avait servi la France par son service militaire, et son frère était mort pour la France à la première guerre mondiale ! Il a fallu que son beau-frère, Matthieu Himmler, célibataire, et qui vivait avec eux à Bazancourt fût raflé pour que la famille pense à se cacher.

Pierre Silberschmit, son épouse Jeanne et leur fils Jean-Claude sont alors allés vivre près de la ferme de Bertaucry, sur le territoire de Boult-sur-Suippe où un ami a mis à la disposition de la famille une petite maison dans les bois, proche de cette ferme isolée en plein bois, à quelques kilomètres de Bazancourt et Boult-sur-Suippe.

Au village, tous pensaient que Jean-Claude était mort avec ses parents à Auschwitz. Apprenant qu’il a fait partie du convoi 73, lequel était censé accorder un sort meilleur aux hommes qui en faisaient partie, puisqu’ils allaient travailler, tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire que les parents de Jean-Claude, qui adoraient leur fils unique, ont dû faire tout leur possible pour qu’il soit sauvé par cette destination.

Contrairement à ce qui est indiqué dans certains documents concernant sa déportation, Jean-Claude Silberschmit n’était pas étudiant, car il n’avait pu obtenir son inscription au lycée en raison des lois antisémites. Il restait donc avec ses parents. À son arrivée à Drancy, il a indiqué qu’il était bûcheron.

Les circonstances exactes de l’arrestation de la famille Silberschmit ne sont pas connues. On sait seulement qu'ils ont été arrêtés par la milice, après dénonciation. En effet, la cabane dans laquelle ils étaient cachés était très isolée, et l’épaisseur des bois de Bertaucry les apparentait plus à une forêt qu’à des bois. Cette immensité de bois accrédite donc fortement la thèse de la dénonciation par des gens qui travaillaient dans la ferme de Bertaucry, assez proche de la cabane. Tous les témoignages à ce sujet citent comme dénonciateurs un couple d'ouvriers agricoles, émigrés polonais et parents de deux enfants. Ces deux Polonais ont été fusillés à l'épuration, et les enfants placés à l'Assistance Publique, puis, plus tard, dans des fermes de villages voisins.

 

La maison où vivait la famille Silberschmit pendant la guerre

Tandis que la famille Silberschmit habitait la maison ci-dessus, ils avaient commencé à en faire construire une autre, route de Pomacle à Bazancourt. Elle fut en partie détruite par un bombardement et fut vendue en 1961 par les héritiers de la famille à un artisan menuisier, qui rebâtit sur les restes de la construction.

 

Le monument aux morts de Bazancourt

À la base du monument aux morts de Bazancourt ont été gravés les noms de Pierre, Jeanne et Jean-Claude Silberschmit, tandis qu’une plaque commémorative honore leur mémoire, sur le mur du petit cimetière communal.

Claude et Edmond Boucton

Près de la porte du cimetière de Bazancourt

 

Photo de classe, en 1937 ou 1938. Jean-Claude est au second rang,
le cinquième de gauche à droite (une mèche bouclée sur le front)

 

Acte de naissance et jugement de décès de Jean-claude Silberschmit.
Ces deux documents sont incomplets, qui ne mentionnent pas
le lieu du décès : Kaunas (Lituanie) ou Reval (Estonie)

 

« Transcription des décès de Pierre et Jeanne Silberschmit »
La mention des décès est incomplète : ils sont décédés à Auschwitz

 

Au musée du Neuvième Fort, à Kaunas(Lituanie), le nom de Jean-Claude Silberschmit figure
parmi ceux des trent-huit adolescents partis avec le convoi 73