Simon (Samuel) Domb né le 16 juin 1895 |
Simon (Samuel) Domb est né le 16 juin 1895 à Prasnysz (Pologne) de Jacob Nathan et de Chevreta Kelman. Mon père a laissé son père et son frère en Pologne et il est parti pour Paris, le pays de la liberté. Il avait aussi une sœur, en Belgique, avec trois enfants. Toute sa famille a été exterminée par les Allemands. Mon père menait une vie difficile, essayant de survivre tout seul et de trouver du travail, alors qu'il ne connaissait pas le français. Il est arrivé à Paris en 1920 et n'est jamais retourné en Pologne. En Pologne, mon père avait laissé sa fiancée, ma mère, Faiga Mindla Toerman. En 1925, il avait enfin économisé suffisamment d'argent pour lui envoyer un billet de train. Elle aussi laissa sa mère, sa sœur et ses frères, et elle partit pour Paris afin de rejoindre son fiancé. Ma mère, Faiga Mindla Toerman, est née le 6 juin 1896 à Blonsk (Pologne) de Pinkus Yenkel et de Golda Perla Goldstein. Couturière à domicile à Zirardow, elle employait des jeunes filles chez elle. Spécialiste en lingerie et chemises d'homme, elle travaillait pour faire vivre sa famille. Accompagnée au train par sa mère et ses trois frères, elle est partie pour se marier à Paris et n'est jamais revenue en Pologne. Toute sa famille a été exterminée par les Allemands. |
La photo ci-dessous date du mariage de mes parents, le 22 octobre 1925 à Paris. Ils se sont installés et ont trouvé du travail. Puis je suis née. Plus tard, je suis allée à l'école à Paris. Simon et Faiga Mindla Domb le jour de leur mariage |
Et ce fut la déclaration de la guerre. Mon père est allé défendre la France. En remerciement, la police française l'a arrêté et l'a livré aux Allemands. La guerre - Mes parents se sont déclarés comme Juifs et l'étoile jaune a été notre cadeau. Lors de la grande rafle, en 1942, un inspecteur est venu nous arrêter. Mon père était seul. Il lui a donné trois jours pour faire ses valises. Il était temps de s'enfuir. Avec un passeur, et pas beaucoup d'argent, nous sommes partis en zone non occupée. | |
Après un voyage très éprouvant, risquant à chaque instant d'être arrêtés, nous sommes arrivés à Faudoas par Beaumont-de-Lomagne, dans le Tarn-et-Garonne, pour y rejoindre la sœur de mon père, Rachelle Frydman et ses trois enfants. Elle était venue de Belgique, et à notre arrivée elle nous dit que la police française avait envoyé son mari à Drancy. Sans argent, ne sachant que faire, nous sommes restés dans une vieille baraque, qui était un ancien couvent. Une semaine plus tard, les gendarmes sont venus arrêter ma tante et mes trois cousins, âgés de seize, douze et quatre ans. Je viens seulement d'apprendre qu'ils ont été envoyés à Septfonds, puis à Drancy et enfin à Auschwitz, où ils ont été tués. Une semaine plus tard, les gendarmes de Beaumont-de-Lomagne sont venus nous arrêter tous les trois. Transportés dans une voiture de police d'une prison à une autre, dormant sur la paille comme des criminels, avec seulement de l'eau, nous sommes arrivés dans un camp dont je ne sais pas le nom. |
Simon et Faiga Mindla Domb à Faudoas |
Paulette Domb à 3 ans 1/2 | Pour différentes raisons (un enfant français, entre autres) nous avons été relâchés. Malheureusement, nous sommes retournés à Faudoas. Nous avions des papiers de Juifs en résidence forcée. Nous nous attendions tous les jours à être arrêtés, tremblant de peur, sans argent, et disposant de très peu de nourriture. Quand mes parents trouvaient quelque travail à faire dans la campagne, les paysans leur donnaient un peu de nourriture, à peine de quoi survivre. Ma mère et moi avons eu beaucoup de problèmes de santé dus à la malnutrition. Au bout d'un an, la police française est venue arrêter mon père : un soir, rentrant après la journée de travail de ma mère, nous ne l'avons pas trouvé à la maison. Nous avons finalement reçu une lettre : les Français l'avaient envoyé pour travailler à l'Organisation Todt, près de Marseille. Puis ce fut un long silence. Un jour, une lettre est arrivée. Une lettre sale, qu'il avait jetée du train, sans timbre, que quelqu'un avait trouvée et avait postée. Il était déporté pour une destination inconnue. Nous pleurions. Nous étions seules. Notre désespoir était grand et tous les jours nous nous attendions à être arrêtées. |
La fin de la guerre - Ma mère et moi sommes retournées à Paris. Par chance, notre appartement était libre, mais vide. Tout avait été cassé, volé, détruit. En payant le loyer dû, peu à peu, nous pourrions disposer de l'appartement. C'était un désastre : nous étions seules, sans argent, sans nourriture, sans rien, sans famille et sans amis. Finalement, ma mère a pu obtenir de l'O.R.T. une machine à coudre pour essayer de travailler. Mais chaque mois, il lui fallait rembourser une partie de cette machine. Lorsqu'elle a réalisé que mon père ne reviendrait pas, lorsqu'elle a reçu le document lui annonçant qu'il était mort à Auschwitz le 15 mai 1944, elle a essayé de se briser la tête contre le mur. Cette information était fausse. En 1997, j'ai appris que mon père avait été déporté par le convoi n° 73, sa direction et sa triste fin. C'est en Amérique que j'ai reçu cette information. Ma mère avait découvert des cousins en Amérique. Lorsqu'ils ont appris ce que nous avions vécu, ils nous ont envoyé des colis de nourriture, de l'argent, des papiers, et le 26 décembre 1950 nous sommes arrivées à New York. Nous y avons mené une vie très difficile. Puis je me suis mariée (je suis divorcée) et j'ai eu un fils, Simon, né le 15 décembre 1961. J'ai hélas perdu ma mère après une longue maladie, le 6 décembre 1996. Ce fut pour moi une grande tragédie. Une de mes amies, à Paris, a pris contact pour moi avec les Fils et Filles des Déportés de Juifs de France, qui m'ont envoyé, en 1997, les informations sur le destin tragique de mon père. Et je viens de recevoir la carte de travailleur de mon père, en septembre 1943, à l'Organisation Todt. Ces informations me sont parvenues grâce à une rencontre avec une Française, Colette Rawicz, lors d'une réunion de l'organisation des enfants survivants de l'Holocauste. Nous avons appris, en parlant, que nous avions quelque chose en commun : nos pères ont fait partie du convoi 73. Nous avons noué des relations amicales, et elle m'a parlé du voyage de la mémoire. Le souvenir de mon père et sa mort tragique resteront gravés dans mon cœur pour le reste de ma vie. J'ai écrit ces lignes à la mémoire de mes parents, Faiga Mindla et Simon Domb. Paulette Domb |
Simon Korot, fils de Paulette, petit-fils de Simon et
Faiga Mindla |